Page:Sand - Malgretout.djvu/337

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vous écrire bientôt une lettre. Enfin vous verrez que je peux me fixer et me transformer, et peut-être avec le temps, quand vous serez bien sure que je n’aime que vous et ne vis que pour vous, peut-être, Sarah, me pardonnerez-vous.

Je ne lui répondais pas, et il s’en inquiétait,

— Je ne vous fais pas de bien, me dit-il. Vous ne m’entendez pas, mon dévouement ne va pas jusqu’à votre cœur. Mon repentir vous semble inutile, vous ne pensez qu’à vos douleurs, et je suis fou de vous parler de mes espérances, qui n’ont pas de sens pour votre esprit en ce moment d’accablement et de détresse. Eh bien, Sarah, parlez-moi de vos souffrances, j’oublierai les miennes ; j’irai chercher votre enfant, je l’enlèverai, s’il le faut. Non, je forcerai sa mère à revenir, je la persuaderai, je lui ferai honte. Voulez-vous que je parte tout de suite ?

— Non, lui dis-je, ma sœur est dans son droit, et peut-être a-t-elle trouvé dans le dépit la notion du devoir maternel. Partagée entre elle et moi, sa fille n’eût peut-être pas été heureuse. Il faut lui laisser faire l’essai de ses forces. Je suis résolue à me soumettre et à me calmer. J’en aurai la fermeté, puisque vous voilà.

— Que me dites-vous, Sarah ? s’écria-t-il en me saisissant les mains ; je suis donc encore quelque chose dans votre vie ?