Page:Sand - Malgretout.djvu/90

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le médecin l’a commandé ; mais le meilleur bain pour moi serait encore un thème de Mozart ou un motif de Beethoven interprété par ces deux maîtres que je viens d’entendre. Ah ! ma chère Sarah, je me reprochais d’entendre cela tout seul !

— Et sans doute, dit Adda en me lançant un regard malicieux, mon cher papa, qui n’est pas un égoïste, a fait promettre à ces deux anges de venir, avant de s’envoler à Charleville, nous donner quelque avant-goût du ciel sous forme de sérénade ?

— Point du tout, répondit mon père ; ils ont juré d’eux-mêmes qu’ils y viendraient, et je vais envoyer Giron pour chercher les précieux instruments, qui ne doivent pas être confiés au premier venu. Faites ajouter quelque chose de bon au dîner, ma chère Sarah ; ces messieurs se connaissent en vins… J’irai moi-même à la cave.

Je demandai à mon père et à Adda s’il ne serait pas convenable d’inviter quelqu’un du voisinage, notre voisin le docteur, ou notre ami le pasteur Clinton, pour ne point paraître si vite favorisés de l’intimité de deux artistes célèbres. À coup sûr, la seconde visite de M. Abel, si rapprochée de la première, serait remarquée et commentée dès que le bruit de sa présence dans le pays se répandrait avec l’annonce du concert. On pourrait s’en entretenir jusqu’à Paris, et peut-être M. de Rémonville serait-il un peu intrigué de notre liaison subite avec cet artiste.