Page:Sand - Mauprat.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

si elle le croit, je veux agir en sage et vous donner un bon conseil, maître Bernard Mauprat. Voulez-vous l’entendre ?

— Il paraît que tout le monde ici se mêle de conseiller. N’importe, j’écoute.

— Vous êtes amoureux de votre cousine ?

— Vous êtes bien hardi de faire une pareille question.

— Ce n’est pas une question, c’est un fait. Eh bien ! je vous dis, moi : faites-vous aimer de votre cousine et soyez son mari.

— Et pourquoi me portez-vous cet intérêt, maître Patience.

— Parce que je sais que vous le méritez.

— Qui vous l’a dit ? l’abbé ?

— Non pas.

— Edmée ?

— Un peu. Et cependant elle n’est pas bien amoureuse de vous, au moins. Mais c’est votre faute.

— Comment cela, Patience ?

— Parce qu’elle veut que vous deveniez savant, et vous, vous ne le voulez pas. Ah ! si j’avais votre âge, moi, pauvre Patience, et si je pouvais, sans étouffer, me tenir enfermé dans une chambre seulement deux heures par jour, et si tous ceux que je rencontre s’occupaient de m’instruire ! si l’on me disait : « Patience, voilà ce qui s’est fait hier ; Patience, voilà ce qui se fera demain. » Mais, baste ! il faut que je trouve tout moi-même, et c’est si long que je mourrai de vieillesse avant d’avoir trouvé le dixième de ce que je voudrais savoir. Mais, écoutez, j’ai encore une raison pour désirer que vous épousiez Edmée.

— Laquelle, bon monsieur Patience ?

— C’est que ce La Marche ne lui convient pas. Je le lui ai dit, oui-da ! et à lui aussi, et à l’abbé, et à tout le