Page:Sand - Mauprat.djvu/284

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sinuer son épée dans quelque fente ; rien ne céda. Néanmoins une porte pouvait se trouver là, car les rinceaux de la boiserie sculptée pouvaient cacher une coulisse adroitement pratiquée. Il fallait trouver le ressort qui faisait jouer cette coulisse ; mais cela nous fut impossible, malgré tous les efforts que nous fîmes pendant deux grandes heures. Nous essayâmes vainement d’ébranler le panneau, il rendait le même son que les autres ; tous étaient sonores et indiquaient que la boiserie n’était pas posée immédiatement sur la maçonnerie ; mais elle pouvait n’en être éloignée que de quelques lignes. Enfin, Marcasse, baigné de sueur, s’arrêta et me dit :

— Nous sommes bien fous ; quand nous chercherions jusqu’à demain, nous ne trouverions pas un ressort, s’il n’y en a pas ; et, quand nous cognerions, nous n’enfoncerions pas la porte, s’il y a derrière de grosses barres de fer, comme j’en ai vu déjà dans d’autres vieux manoirs.

— Nous pourrions, lui dis-je, trouver l’issue, s’il en existe une, en nous servant de la cognée ; mais pourquoi, sur la simple indication de ton chien qui gratte le mur, t’obstiner à croire que Jean Mauprat, ou l’homme qui lui ressemble, n’est pas entré et sorti par la porte ?

— Entré, tant que vous voudrez, répondit Marcasse, mais sorti ! non, sur mon honneur ! car, comme la servante descendait, j’étais sur l’escalier, brossant mes souliers ; quand j’entendis tomber quelque chose ici, je montai vite trois marches, voilà tout, et me voilà près de vous. Vous mort, allongé sur le carreau et bien malade ; personne dedans ni dehors, sur mon honneur !

— En ce cas, j’ai rêvé de mon diable d’oncle, et la servante a rêvé d’un manteau noir ; car, à coup sûr, il n’y a pas ici de porte secrète ; et, quand il y en aurait une, et que tous les Mauprat, vivants et morts, en auraient la clef,