Page:Sand - Mauprat.djvu/412

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des cordes celles du métayer, pour atteindre au dernier étage, qui semblait bien conservé et contenir une pièce éclairée par deux meurtrières. Marcasse objecta qu’il pouvait se trouver un escalier dans l’épaisseur du mur, ainsi qu’il arrive dans beaucoup d’anciennes tours. Mais où se trouvait l’issue ? Dans quelque souterrain peut-être. L’assassin oserait-il sortir de sa retraite tant que nous serions là ? S’il avait, malgré la nuit obscure et le silence que nous gardions, vent de notre présence, se risquerait-il dans la campagne tant que nous serions postés comme nous l’étions sur tous les points ?

— Ce n’est pas probable, dit Marcasse. Il faut trouver un moyen prompt de parvenir là-haut, et j’en vois un.

Il montra une poutre noircie par le feu qui joignait la tour à une hauteur effrayante, et sur une portée de vingt pieds environ, aux greniers du bâtiment voisin. Une large crevasse, faite par l’éboulement des parties attenantes, était située à l’extrémité de cette poutre dans le flanc de la tour. Dans ses explorations, il avait bien semblé à Marcasse voir au travers de cette crevasse les marches d’un petit escalier. Le mur avait d’ailleurs l’épaisseur nécessaire pour le contenir. Le taupeur n’avait jamais osé se risquer sur cette poutre, non à cause de sa ténuité ni de son élévation, il était habitué à ces périlleuses traversées, comme il les appelait ; mais la poutre était attaquée par le feu et tellement amincie par le milieu qu’il était impossible de savoir si elle porterait le poids d’un homme, fût-il svelte et diaphane comme le brave sergent. Jusque-là aucune considération assez importante pour risquer sa vie à cette expérience ne s’était présentée ; elle s’offrait en cet instant : Marcasse n’hésita pas. Je n’étais point auprès de lui lorsqu’il conçut ce dessein ; je l’en aurais empêché à tout prix. Je ne m’en aperçus que lorsque Marcasse était déjà