Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/116

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m’avait vaincu, en entendant une voix douce qui remplissait comme d’une mélodie la chambre de mon malade. Mademoiselle Vallier causait à voix basse avec madame Laroze. Je m’étais jeté tout habillé sur une botte d’herbes sèches. Je ne sais quel instinct de honte m’a fait refermer les yeux. J’ai entendu que madame Laroze me plaignait, tout en disant que le malade avait passé une meilleure nuit, et qu’il fallait me renvoyer prendre vingt-quatre heures de vrai repos chez moi.

— Oui, oui, a répondu mademoiselle Vallier, je veillerai cette nuit avec votre belle-sœur, que j’ai vue hier en passant et qui m’a dit être libre. Zoé va beaucoup mieux. Sa tante est venue la voir et passera huit jours chez nous.

— Elle a donc une tante, votre négresse ? une noire aussi ?

— Oui, elle est cuisinière à Versailles. Elle a obtenu une semaine de congé. Me voilà plus tranquille, et je pourrai m’occuper de M. Sylvestre.

— Est-ce que vous connaissiez ce jeune homme avant qu’il vienne au pays ? dit madame Laroze en me désignant.

— Non, je ne le connais, pas. Il a l’air bon et bien élevé.

— Vous ne savez pas d’où il sort ?

— Je n’ai pas songé à le demander à M. Sylvestre.

— Tous n’êtes guère curieuse, je sais ça.

— Je n’ai pas le temps de l’être.

— Sans doute que M. Sylvestre sait quelque chose de lui ; mais lui, il ne connaît M. Sylvestre que depuis un mois ou deux.

— Ah ! dit mademoiselle Vallier avec surprise, je