Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/165

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reproché tout bas de n’être pas assez charmé de sa grâce et de sa beauté.

Mademoiselle Vallier se trouvait assise près de nous, et Rébecca a invoqué son témoignage.

— N’est-ce pas, chère, que mademoiselle Jeanne est un ange ? Dites donc à M. de Sorède qu’il ne s’y connaît pas.

Je réclamai contre le de dont madame Duport voulait m’affubler et je lui dis qu’il fallait laisser ces usurpations de particule à madame Irène de Magneval ; que, pour mon compte, j’espérais n’en avoir jamais besoin.

— Vous croyez que c’est une usurpation ? reprit Rébecca. Eh bien, pas du tout. Je me suis informée ; mademoiselle Irène est réellement de famille noble, elle est de Magneval tout au long, ne vous en déplaise. Mademoiselle Vallier peut nous dire son avis sur Jeanne de Magneval, à qui personne ne peut contester d’être la tille de sa mère.

Mademoiselle Vallier fit l’éloge de Jeanne et ne parut pas ignorer quelle créature était mademoiselle Irène ; soit fermeté d’honnête femme, soit pactisation avec le monde, elle s’abstint de la honnir, et prononça avec beaucoup de décision que Jeanne, innocente des fautes d’autrui, ne devait pas en porter la peine. Selon elle, c’était un préjugé de croire qu’un honnête homme ne pouvait pas épouser une honnête fille, fût-elle née dans la fange.

Était-ce un reproche à mon adresse ? car aujourd’hui Aldine sait bien que je suis ce même neveu de M. Piermont qui a méprisé sa fortune et repoussé sa main… son cœur peut-être ! Je ne sais ce que j’allais répondre, Rébecca ne m’en laissa pas le temps.