Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/166

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— Et moi, s’écria-t-elle, je soutiens que le repentir et la confession purifient tout. Oui, monsieur Sorède, vous aurez beau dire : où est la réhabilitation hors de l’Église ? Elle n’est que là, et il est heureux que le monde, qui par lui-même serait impitoyable, subisse aujourd’hui l’influence de l’Évangile.

Mademoiselle Vallier fut de l’avis de madame Duport. Peut-être veut-elle tourner aussi à la dévotion pour prendre le courant des intérêts bien entendus de son siècle. Moi qui veux remonter les courants troublés, dussé-je m’y briser, je parlai avec un peu de véhémence contre l’exploitation de l’Évangile au profit des intérêts personnels.

Je ne sais si Aldine me donna raison au fond de sa conscience ; mais mademoiselle Jeanne, attirée par mon accent un peu vif, s’approcha de nous, et déclara tout bas à Rébecca qu’elle était de mon avis.

— Voyez ! s’écria maladroitement Rébecca ; voilà mademoiselle Jeanne qui ne sait pas du tout de qui nous parlions, mais dont la sincérité répond victorieusement à certains doutes !

— De qui donc parliez-vous ? demanda Jeanne ingénument.

Il se fit un silence qui eût pu lui devenir pénible et j’eus pitié de sa situation.

— Nous parlions de vous, mademoiselle, lui répondis-je

— De moi ? dit-elle en rougissant. Me prenez-vous, pour une hypocrite ?

— Oui, repris-je avec un grand sérieux, cela est écrit dans vos regards, et tout le monde ici est d’accord pour se méfier de vous.

Elle vit que je plaisantais et que mon impertinence