Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/168

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comme en peinture, elle était là une harmonie nécessaire, et quelques personnes ont prétendu que, sans être jolie, elle était la plus charmante du trio.

La soirée finie, il n’y a pas eu moyen de s’en aller ; des chambres avaient été préparées pour tout le monde, et des sorbets étaient servis au clair de la lune sous une riche tonnelle de glycine en fleur. On s’est dit bonsoir à une heure du matin. J’ai fait semblant de gagner la chambre que Gédéon me désignait, et je suis revenu fort tard à l’Escabeau, où j’avais quelques pages à revoir avant de m’endormir.

Ces quelques pages m’ont mené plus loin que je ne pensais. J’ai été tout surpris de voir le jour percer mes rideaux et une traînée de soleil levant s’étendre sur la prairie. J’avais la tête un peu brûlée par la veille, j’ai été tenté de lui procurer un bain de rosée dans le taillis qui descend jusqu’à ma porte, Je suis sorti, et, entraîné par la beauté du matin dans les bois, je me suis trouvé assez près de l’ermitage de M. Sylvestre.

Je ne l’avais pas vu depuis plusieurs jours, et j’allais frapper chez lui quand j’entendis deux voix, et reconnus tout d’abord celle de mademoiselle Vallier. Je ne voudrais pas qu’elle crût que je cherche l’occasion de la rencontrer hors de la maison où elle a jugé à propos de s’établir. Je me retirai donc et entrai brusquement dans les grès, dont un massif assez élevé touche presque la maisonnette. C’est de là que je vis sortir mademoiselle Vallier d’abord, puis mademoiselle Jeanne, à qui M. Sylvestre, en la reconduisant, donna un baiser au front ; mais cette caresse fut accompagnée d’un adieu sévère.