Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/193

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— Ah ! c’était vous ? Oui, il me semblait bien…

Et, comme si elle se fût décidée tout d’un coup à la franchise, elle ajouta :

— D’ailleurs, je le savais ! mademoiselle Vallier me l’avait dit. Vous êtes l’ami de ce brave ermite… ; peut-être n’a-t-il pas beaucoup de secrets pour vous.

Pourquoi aurais-je dissimulé ? Aller droit au fait était le moyen d’abréger de vains préliminaires, je répondis sans hésiter :

— Mademoiselle Vallier a dû vous dire cela aussi.

— Oui, reprit Jeanne en rougissant, et même elle, a ajouté que vous étiez d’une discrétion à toute épreuve.

— Je me flatte qu’elle ne s’est pas trompée.

— C’est que, vous savez, il tient tant à cacher son nom !… Si on le découvrait ici, il partirait tout de suite. C’est bien étonnant, bien bizarre ; mais c’est comme cela, et j’ai si grand’peur qu’il ne se sauve encore…

— Ne parlons donc pas davantage de lui à cette table, car je crains les oreilles adroites à saisir ce qui n’est pas dit pour être entendu. Il me semble que votre voisine de gauche, malgré l’énorme monsieur qui vous sépare…

— Madame Duport est curieuse, je le sais. Elle est bien bonne pour moi, et pourtant je ne voudrais lui rien confier.

— Vous plaît-il de remplacer le nom de Sylvestre par celui de Mozart ? On croira que nous parlons musique, et nous ne serons plus forcés de tant baisser la voix, ce qui pourrait être remarqué.

— Oh ! oui, voilà une bonne idée ! Eh bien, vous aimez Mozart, et, moi, je l’adore !