Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/201

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avec une sorte d’empressement singulier, que Jeanne avait bien senti le mérite de ma situation, encore qu’elle s’en fût mal expliquée, — que mon succès auprès de M. d’Harmeville, si difficile et si sévère pour la rédaction de sa revue, avait été pour moi un triomphe auquel Jeanne avait été très-sensible, — enfin que Jeanne, loin de m’en vouloir pour le passé, était très-disposée à suivre tous les conseils que je voudrais lui donner relativement à son grand-père.

Nous remontions une assez longue allée qui nous rapprochait de la maison, et mademoiselle Vallier ne paraissait pas disposée à attendre le retour de sa compagne, car elle marchait un peu plus vite depuis que nous étions seuls.

— Voyons, lui dis-je, puisqu’il nous reste peu d’instants, et que vous ne voulez parler que de Jeanne, c’est-à-dire de M. Sylvestre, car c’est à cause de lui que nous nous occupons d’elle avec tant de sollicitude, parlons-en…

— Attendez, reprit mademoiselle Vallier ; ce n’est pas seulement à cause de son grand-père que je me tourmente pour elle. Je l’aime sincèrement, parce qu’elle le mérite.

— Alors, résumons-nous en deux mots. En votre âme et conscience, vous croyez qu’il lui doit sa protection, au risque de tous les ennuis, de toutes les fatigues, de tous les chagrins qui pourront en résulter pour lui ?

— Oui, je le crois fermement. C’est une enfant remplie de petits défauts et d’immenses qualités. Si elle cause quelques chagrins à son grand-père, elle lui donnera du bonheur quand même, et, quoi qu’il en