Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/210

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mademoiselle Vallier. Je lui ai reproché de songer à partir avec une petite-fille qu’il ne connaît pas, au lieu de songer à surveiller et à diriger cette fille adoptive qui lui a montré tant d’affection et qui a peut-être besoin de ses conseils et de ses avertissements. Il m’a répondu qu’il était tranquille sur le compte de celle ci.

Votre Gédéon Nuñez est revenu me voir, et il m’a parlé à cœur ouvert, à ce qu’il dit. Il prétend toujours n’être pas amoureux, et il se défend d’être homme à faire un coup de tête ; mais il assure qu’il faut qu’il se remarie. Ses enfants ont besoin d’une mère. Ses sœurs n’entendent rien à la gouverne de sa maison. Il dit que mademoiselle Vallier est son idéal de raison, de douceur, de convenance et de distinction. Les enfants l’adorent, les valets la respectent. Il tient, lui, à montrer qu’un israélite est aussi désintéressé qu’un autre et ne fait pas toujours du mariage une affaire. Que vous dirai-je ? Il me demande en quelque sorte la main d’Aldine, car il me presse de la décider en sa faveur.

— Et vous avez promis ?…

— Ma foi ! oui, j’ai promis de parler pour lui, et je parlerai, à moins qu’elle ne me donne un bon motif pour m’en empêcher. Par malheur, je ne la vois pas souvent à présent : elle a des devoirs à remplir, et moi, je ne vais pas dans les châteaux ; mais je pourrais aller bien près, là-haut, sur le versant du bois, et elle viendrait causer avec moi un quart d’heure. Dites-lui cela de ma part, et qu’elle me fasse savoir son jour.

— Ainsi, vous me chargez… ?

— Mais pourquoi pas ? Vous n’avez jamais été amoureux d’elle, vous ! Vous ne voulez pas de l’amour, vous n’y croyez pas !