Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/217

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

ma recommandation, Gédéon s’enrôlait dans sa clientèle. Il lui donnera de l’occupation ; car, depuis que mademoiselle Vallier est chez lui, il ne trouve plus rien d’assez élégant pour se rajeunir, et quinze fois par jour il maudit son tailleur allemand, qui lui inflige, à ce qu’il prétend, la tournure du docteur Faust avant son pacte avec le diable. Je la lui souhaiterais !

Nous avons pu enfin nous arracher aux effusions de nos braves amis pour aller attendre mademoiselle Vallier dans le bois tandis que la voiture de madame Irène s’éloignait dans la direction de Paris ; mais il parait que j’étais de trop dans ce que l’on avait à dire à l’ermite, car j’ai remarqué un certain embarras chez mademoiselle Vallier quand elle m’a vu avec lui, et je me suis hâté de les laisser ensemble. Au bout d’un quart d’heure, l’ermite m’a rejoint.

Elle consent ! m’a-t-il dit. Elle me confie sa fille pour un an. Oh ! ce n’a pas été facile ! Elle était furieuse de ne pas me trouver au rendez-vous, et elle a été fort rude et fort mauvaise avec mademoiselle Vallier ; mais la brave fille a tenu tête et l’a réduite à merci. Si je sais comment elle a fait !… N’importe, nous aurons plus de détails demain, Aldine m’écrira ; elle était pressée de rentrer et paraissait émue et fatiguée. Laissons-la respirer. Moi, je vais réfléchir à mon voyage, puisque c’est décidé !

Il m’a fallu lui démontrer que la première chose à faire était d’avoir de l’argent, vu que mademoiselle Jeanne ne gagnerait pas la Suisse à pied avec un sac sur les épaules. Il est tellement habitué à se passer de tout, que mon observation l’a troublé. Il lui répugne d’accepter la moindre avance de sa fille, et,