Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/223

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Cinq heures du soir.

Je t’ai quitté brusquement. M. Sylvestre est venu me parler. Il croit que mademoiselle Aldine fera de sages réflexions. Elle lui a promis d’en faire. Moi, je crois qu’elles sont toutes faites, et que l’on ne me dit pas tout. Pourquoi M. Sylvestre, si naïf et si franc, veut-il me laisser croire que le mariage n’est encore qu’à l’état d’éventualité ? Je me suis senti impatienté contre une réserve qui n’est pas dans son caractère. Est-ce que mademoiselle Vallier s’imagine que je suis amoureux d’elle ? Gédéon le lui a-t-il persuadé, et par contre l’a-t-elle persuadé à l’ermite ? J’ai craint de donner créance à cette absurdité en cherchant à m’éclairer là-dessus. J’ai caché un moment d’humeur, et je me suis vengé en faisant de Gédéon le plus magnifique éloge. L’ermite m’a beaucoup parlé de Jeanne et de ses projets de voyage. C’est dans huit jours qu’il l’emmène. Il m’a demandé si je n’étais pas tenté d’aller faire aussi un tour en Suisse, et j’en suis tenté en effet. Il dit qu’il se fixera pour le reste de la saison du côté de Zurich, et que, si je passe par là, il sera heureux de me voir. Pourquoi n’y passerais-je pas ?

Je m’ennuie beaucoup ici maintenant, et, quand j’aurai terminé le travail que, j’ai promis à d’Harmeville, c’est-à-dire dans un ou deux mois, je quitterai cette charmante petite vallée, où je n’aurai plus de motif pour m’enterrer. Le départ de mon ermite m’y fera un vide affreux, et je ne tiens pas à faire mon chemin dans les lettres sous l’égide de Gédéon Nuñez.