Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/231

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Je le consultais sur le choix d’un mari pour ma pupille Jeanne, et tout ce qu’il m’a dit sur le mariage m’a donné envie de me marier aussi.

— Pourquoi vous moquez-vous de moi, mon cher ami ? Ce n’est pas l’ermite qui vous a donné cette idée-là : elle vous est venue depuis que mademoiselle Vallier demeure chez vous.

— Vous l’a-t-elle dit ?

— L’ermite me l’a dit.

— Eh bien…, qu’en dites-vous ?

— Que vous faites un très-bon choix. Pourquoi me regardez-vous fixement ?

— Parce que… parce que… je ne peux pas m’expliquer que vous ne soyez pas un peu amoureux d’elle ! Tous ceux qui la connaissent en sont épris.

— Eh bien, moi, je ne comprendrais pas que je fusse un peu amoureux d’elle. Elle mérite mieux que cela, et, si j’étais accessible à une passion, elle en serait peut-être l’objet ; mais, comme ma raison, ma pauvreté, c’est-à-dire ma conscience, m’interdit de songer au mariage, et qu’une personne comme elle n’est pas faite pour inspirer une autre idée, je ne me permets pas de songer un peu à elle. Je suis assez sage et assez fort pour n’y pas songer du tout.

— C’est parler en homme de cœur et en homme d’honneur. Donc, vous pouvez bien songer à une autre ?

— Vous y tenez, je le vois. Je vous remercie de votre sollicitude, mais je vous en dispense. Je n’aime pas mademoiselle Jeanne, et il n’est pas nécessaire que je l’aime pour que vous soyez le plus heureux des hommes.

— Vous me croyez jaloux ?