Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/265

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page n’a pas encore été corrigée

lon, a consenti à rester. Gédéon l’en a priée avec instance, disant que sans elle j’allais m’ennuyer. Elle a souri en répondant qu’elle ne se croyait pas très-amusante.

— Il n’y a qu’une personne que j’égaye, a-t-elle ajouté, c’est ma pauvre Zoé, qui n’est pas difficile, et qui trouve la soirée bien longue quand je m’attarde ici.

— Eh bien, s’est écrié Gédéon, je vais la chercher !

— Vous n’y songez pas ! Elle n’est pas en toilette, elle n’osera jamais.

— Bah ! je lui dirai que vous avez besoin d’elle.

— Vous allez l’inquiéter !

— Non, je la ferai rire, elle ne demande que cela.

— Mais vous n’allez pas entrer chez moi ? a repris mademoiselle Vallier d’un ton ferme, quoique enjoué. Mon domicile est inviolable, vous savez les conventions ?

— Parbleu ! a répondu gaiement Gédéon. Je vais lui jouer un air de guitare, et il faudra bien qu’elle paraisse au balcon. — Pierre ; venez avec moi, vous chanterez !

Et, prenant une guitare dans le petit salon, il m’a emmené à la conquête de la négresse. Les demoiselles Nuñez et Aldine nous ont suivis pour assister à la scène comique ; mais rien de plaisant n’est résulté de l’entreprise : Zoé, attendant sa maîtresse avec l’impatience accoutumée, venait au-devant d’elle. On l’a ramenée au salon, où elle s’est utilisée tout de suite en roulant des allegradores pour la provision de la cheminée. J’ai remarqué la gentillesse, c’est le mot, de Gédéon causant avec cette petite comme avec une enfant qu’il voulait adopter aussi, et dont il imposerait au besoin la présence à ses hôtes sur un pied d’éga-