Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/318

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trine, mes lèvres étaient muettes. Qu’a-t-elle dû penser de moi ? Tout ce que j’ai pu faire, c’est de lui tendre la main quand, brisée encore par sa course, elle s’est relevée pour partir. Elle s’est aperçue que je tremblais. Elle n’a pas compris pourquoi.

— Vous me trompez, s’est-elle écriée, il est arrivé un malheur !

J’ai dû jurer que non pour la rassurer. Elle ne se doute donc pas que je l’aime à en mourir…

Quelqu’un venait vers nous. À sa taille, j’ai reconnu le groom de Gédéon. Nous l’avons interrogé. C’est lui qui accompagnait son maître à la promenade.

— Je m’en retourne à pied par le plus court, nous a-t-il dit, parce que le cheval de la demoiselle s’est sauvé. Elle a pris celui de monsieur, et monsieur a pris le mien. La demoiselle ne se tient guère, assise de côté, sur une selle d’homme ; ils sont forcés de rentrer au pas. Voilà tout. Personne n’est tombé.

— Je rentrerai avec vous, lui a dit mademoiselle Vallier.

Et elle m’a quitté.

Je n’ai pas offert de la suivre. Et à peine avait-elle disparu, que j’ai couru après elle. Pourquoi ne lui aurais-je pas offert mon bras ? Les promeneurs rentraient au pas, j’avais tout le temps de la reconduire sans risquer de les rencontrer. La présence du groom eût ôté à mon offre toute idée compromettante ; mais ce groom était peut-être dans la confidence du tour que l’on devait me jouer. Peut-être était-il chargé de passer par l’Escabeau pour savoir si j’y étais. Peut-être racontera-t-il ma courte rencontre avec mademoiselle Vallier. Je ne veux pas qu’on l’interroge, elle ; je ne veux pas qu’à cause de moi on lui fasse