Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/342

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ne les partagerais-je pas ? Je le lui avais presque promis la veille du jour où j’ai été presque tué. Quand j’aurai recouvré mes forces, redeviendrai-je rebelle ? Je ne sais pas, je ne crois pas. Il me semble que cette manne dont je me laisse nourrir renouvelle mon être et que, le jour où l’énergie de la santé complète ravivera toutes mes facultés, je sentirai avec délices que je suis devenu tendre, et que cela est plus nécessaire et plus vrai que d’être fort.

Ce que je sais d’une manière certaine… tiens ! un tableau dont je m’enivre, — c’est que, le jour où je verrai dans les bras de ma femme sourire un enfant questionneur qui me dira, comme ils disent tous : « Père, où est le bon Dieu ? » je mettrai ma main sur ce cœur sans défense de l’enfant qui bégaye sa première curiosité, et je lui dirai : « Dieu est là ! » C’est ce qui aime et fait aimer.




LVII

DE M. SYLVESTRE À PHILIPPE


Les Grez, 4 janvier 1865.

J’ai reçu avec gratitude, mon cher enfant, les vœux de nouvel an que vous avez chargé nos amis de m’exprimer de votre part. J’y veux répondre moi-même, vous serrer cordialement les mains, et vous parler de ceux que nous aimons.

Oui, on se soumettra à vos prescriptions, on n’a le droit de rien vous refuser, on vous doit la vie. On ne