Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/119

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prononcer devant Thierray le nom qui le préoccupait, et Thierray, en parlant sans cesse d’Éveline, n’en avait encore jamais parlé sérieusement.

Le silence de la nuit était profond lorsqu’ils montèrent la colline de Mont-Revêche. La chouette logée dans le donjon faisait seule entendre son cri aigre-doux. La lune pâle paraissait à travers la pluie fine, comme une lampe dans son globe de verre mat.

— Quel paysage mélancolique ! dit Thierray ; c’est une nuit d’Écosse, une nuit à apparitions.

— À propos, dit Flavien, as-tu fini par savoir quelle figure ont les revenants de notre donjon ? Je n’ai plus pensé à m’en informer.

— Éveline m’a conté cela ; mais elle est si moqueuse, que je n’en crois rien. Cela me fait songer à interroger Crésus. — Avancez, riche Crésus, et dites-nous ce qui revient au château de Mont-Revêche.

— Bah ! monsieur, c’est des bêtises ! répondit le groom morvandiot d’un ton sceptique.

— Il est possible que vous soyez un esprit fort, reprit Thierray ; mais répondez à la question qu’on vous adresse, sans plus de commentaire.

— Eh ! mon Dieu, ils disent comme ça dans le pays qu’il y revient une dame.

— Jeune ou vieille ? dit Flavien.

— Ah ! ça, on n’en sait rien ; on l’appelle la dame au loup, parce qu’elle paraît avec un grand loup blanc qui la suit comme un chien.

— Vous vous abusez, monsieur Crésus, reprit Thierray, son loup est noir.

— Non, monsieur, c’est son masque qui est noir.

— Nous y sommes, dit Thierray à Flavien : elle n’est suivie d’aucun quadrupède ; mais elle a un masque de