Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/126

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leur commerciale, et qu’il pouvait entrer dans le contrat ou rester en dehors, sans rien changer aux conditions de la vente ?

— Tu oublies, mon cher Flavien, que, pour habiter une masure comme celle-ci sans qu’elle vous tombe sur la tête, il faut au moins mille francs de réparation tous les ans, et qu’avec ma plume je me fais tout au plus six mille livres de rente, à la condition de travailler sans relâche. Tu crois donc que les vers rapportent quelque chose ? Or, je fais, malgré moi, beaucoup de vers, et ma prose ne me dédommage pas du temps qu’ils me font perdre.

— Eh bien, gardons ce manoir à nous deux. Je me chargerai de l’entretenir, de l’étayer…

— Et les portes et fenêtres ? dit Thierray. Du côté de la campagne, il y a économie ; mais, sur le préau, c’est une ruche, une dentelle !

— Cela me regarde aussi, puisque je me suis imposé comme un devoir de rester propriétaire de la maison de ma tante. Faisons donc ce marché-là ; tu auras, ta vie durant, la jouissance nette de cette maison, sans aucune charge d’entretien ni d’impôts, et j’y viendrai de temps en temps philosopher ou fumer avec toi… Sais-tu faire du punch ? Il y a là tout ce qu’il faut.

— Oui, je sais faire le punch ! Mais cette idée matérialiste qui te vient, ajouta Thierray en versant l’eau dans la théière, me ramène au sentiment de la réalité. De quoi vivrais-je ici ? Tu n’as pas la prétention de me nourrir. Nous avons vendu nos terres (tu vois que je parle déjà en seigneur de Mont-Revêche), et je neveux pas manger les pierres de mon donjon… Ah ! attends ! une idée ! je connais déjà les moindres détails de mon habitation !

Il alla ouvrir un tiroir de bureau en bois de rose, et y prit un petit livre de pauvre apparence, un simple livre