Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/128

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— Eh ! mon cher, c’est à ton punch que je fais la grimace. J’aime les vers, et je sais que Nathalie les fait bien.

— Et elle est belle ! Un air de reine du xe siècle !

— Des bandeaux nattés ! Je déteste cela. N’importe, ses vers sont beaux.

Et Flavien bâilla.

— Tu les connais donc ?

— De réputation.

— Je crois que tu préfères Benjamine.

— Pauvre petite fille ! dit Flavien. Elle est adorable ! Je la mettrais en pension jusqu’à sa majorité.

— Alors, c’est donc Éveline ! Éveline l’amazone, la dame de mes pensées ?

— Je ne veux pas t’en dégoûter ; mais ma femme ne montera jamais à cheval : elle me rappellerait trop mes maîtresses.

— Alors… c’est donc madame Dutertre, la belle Olympe ?

— Mon cher ami, tu me parles mariage ! Je ne peux pas épouser madame Dutertre !

— Mais tu peux l’aimer.

— Aimer, moi, une femme qui ne serait pas à moi ! Et mon besoin de domination, qu’en fais-tu ?

— Je crois que c’est une prétention que tu as ; car tu es le caractère le moins emporté, le plus égal et le plus obligeant que je connaisse.

— Possible. Mais, ce qui me plaît, je veux le posséder ; et ce que je possède, je ne veux pas le partager. Parlons de toi : il faut rester ici.

— Pourquoi ?

— Parce qu’il faut épouser Éveline.

— Pourquoi encore ?

— Tu es amoureux d’elle.