Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/262

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l’influence dans ses douleurs de mari et de père, se brisait en sanglots, sans que ses yeux séchés par l’insomnie pussent épancher ses larmes.

Il se jeta sur un lit de repos dans le boudoir de sa femme, et, vaincu par la fatigue, il s’endormit en murmurant ce cri de détresse :

— Nathalie ! Nathalie ! ce soir tu as tué ton père !




XXII


Dutertre eut quelques heures d’un sommeil accablant. Il fit des rêves affreux. Il s’éveilla souvent, mal à l’aise comme on l’est quand on dort tout habillé. Il était baigné de sueur, quoique la nuit fût froide. Plusieurs fois il ne se rendit pas compte du lieu où il était. Ce lit de repos où s’étendait quelquefois Olympe était placé dans une sorte d’alcôve fermée d’une tapisserie. Les bougies s’étaient consumées. Dutertre se trouvait dans des ténèbres rendues complètes par le lourd rideau qu’il avait machinalement tiré sur lui. Par moments il se croyait descendu vivant dans la tombe ; mais il n’avait pas la volonté de se soustraire à cette impression lugubre. Il se rendormait pour tomber dans quelque autre songe plus lugubre encore.

Il s’éveilla tout à fait en entendant parler auprès de lui. Il ouvrit les yeux, vit les premiers rayons du jour glisser vers lui par la fente de la tapisserie, et reconnut les voix d’Olympe et d’Amédée.

Dutertre n’attendait sa femme que le lendemain soir. Elle avait dû aller voir une amie d’enfance très-malade qui se rendait à Nice, et qui n’ayant pas la force de se