Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/319

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dente. Ayez courage, ma bonne Éveline ; si vous pouvez supporter la voiture, personne ne saura ce qui est arrivé, et votre père lui-même ne l’apprendra que de votre bouche, quand vous jugerez devoir le lui dire.

— Ah ! Olympe, s’écria Éveline vaincue par tant de douceur et de dévouement, c’est vous qui êtes bonne, meilleure cent fois plus que je ne mérite. Ah ! que l’on est injuste envers vous ! Oui, emmenez-moi d’ici, cachez-moi, sauvez-moi, et que mon père ne le sache jamais. Je ne crains au monde que son blâme ou ses railleries. Tenez, je ne sens plus aucune douleur, je peux marcher.

— Gardez-vous-en bien, s’écrièrent Olympe et Thierray, tout serait perdu !

Olympe visita le pied malade et renouvela le pansement. Le vulnéraire avait fait merveille, l’inflammation avait disparu, et tout faisait présager que l’opération aurait lieu dans de bonnes conditions. Flavien et Thierray transportèrent la blessée, et Olympe les aida à l’étendre dans la voiture.

— Allez nous attendre à Puy-Verdon, comme si vous veniez naturellement déjeuner, dit Olympe à Thierray. Vous y arriverez avant nous, car nous nous en irons doucement. Dites que vous m’avez rencontrée avec M. de Saulges, et que j’arrive, que vous croyez que j’ai dû aller voir des malades un peu loin, par ici. Il m’arrive souvent de faire d’assez longues courses dans ce but, cela n’étonnera personne. M. de Saulges sera censé m’avoir indiqué un cas d’urgence. Mais ne vous expliquez pas autrement, vous nous avez à peine parlé, vous ne savez rien précisément. Il se passera plusieurs jours avant que l’on vérifie le fait, si même on songe à le vérifier. Allez, monsieur Thierray, prenez la traverse ; vous, monsieur de Saulges,