Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/336

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coup. J’ai un chagrin mortel, j’ai résolu de vous le dire avec franchise, parce qu’il dépend peut-être de vous de faire cesser, d’un seul mot, cette angoisse, et, si vous m’aimez encore, vous n’hésiterez pas à me le dire.

— Si je vous aime encore ? dit Olympe éperdue.

Elle ne put rien ajouter, il lui sembla que la foudre venait de tomber sur elle.

— Eh bien, oui ! ma femme, il me semble que vous ne m’aimez plus.

— Pour dire une telle parole pour la première fois, ô mon Dieu ! il faut n’aimer plus soi-même ! répondit Olympe, qui sentit comme une main glacée se poser sur ses épaules. Pourquoi me dites-vous cela ? Que vous ai-je fait pour me tuer comme cela tout d’un coup ?

Ce cri, parti des profondeurs de l’âme, fit frissonner Dutertre.

— Oui, c’est un rêve affreux que je fais ! s’écria-t-il en lui prenant les mains. Délivre-moi de ce supplice ; parle vite, réponds-moi. As-tu rencontré, ce matin, M. de Saulges chez tes malades ?

— Oui, mon ami, répondit Olympe étonnée, et ne pressentant pas la jalousie de son mari.

— Et tu es partie avec lui pour faire une longue promenade ? m’a-t-on dit.

— Oui, mon ami, c’est vrai ; ne vous l’ai-je pas dit moi-même ?

— Non. Je ne te l’ai pas demandé, dit Dutertre calmé par l’assurance de sa femme. Pourquoi donc cette promenade ? Je n’en comprends ni le hasard, ni l’opportunité.

Olympe pensa que Dutertre n’était tourmenté que relativement à Éveline, qu’il pressentait la vérité et qu’il la blâmait d’aider à ce mystère. Il fallait qu’il fût bien ir-