Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/368

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fort peu, et alla enfin se livrer aux douceurs du sommeil, en disant :

— Ça ne sera rien. Dormez. Demain, il n’y paraîtra plus.

Il le croyait.

Le lendemain, l’état d’Éveline n’inspirait plus la moindre appréhension. Flavien était reparti pour Paris, Thierray faisait de son mieux des rêves de bonheur. Nathalie, les yeux creusés par l’insomnie, belle comme un ange rebelle foudroyé, demandait pardon dans chaque regard, et s’empressait autour d’Olympe, comme une fille pieuse auprès de sa mère. Olympe s’était levée faible, mais pleine de sérénité et le cœur ouvert à toutes les espérances de bonheur qui se réveillaient autour d’elle. Benjamine, qui voyait, sans chercher à le comprendre, le changement survenu dans les manières de sa sœur aînée, lui en témoignait indirectement sa joie et sa reconnaissance en lui prodiguant les plus ardentes caresses.

Dutertre croyait tout sauvé, tout réparé ; mais Blondeau, en examinant les traits et en prenant le poignet d’Olympe dans ses doigts exercés, fronça légèrement le sourcil et dit :

— Ça va mieux, mais il faudra vous soigner, et ne pas avoir trop de journées comme celle d’hier.

Dutertre, inquiet de l’expression étonnée et rêveuse de Blondeau, l’emmena à part pour l’interroger.

— Je ne sais que vous dire, répondit Blondeau ; je trouve un étrange désordre dans la circulation du sang. C’est peut-être la suite inévitable des émotions d’hier ; mais je vous dis, monsieur Dutertre, qu’il ne faudrait pas risquer souvent des scènes violentes devant votre femme. C’est une organisation très-ébranlée, assez mystérieuse, et qui ne lutterait pas victorieusement contre des chagrins prolongés.