Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/125

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sera rendue. Il n’a pas d’ennemis ; voyez si un seul paysan de chez nous lui manquerait de respect ! Soyez sûrs que tout s’arrangera. Le peuple est insouciant, paresseux, un peu pillard, mais je le connais bien, moi ! il est doux et sans rancune. Rappelez-vous comme je le malmenais quand j’étais l’économe de la communauté ! Eh bien, personne ne m’en veut et je finirai mes jours ici bien tranquillement, comme le roi sur son trône !

Ainsi les prévisions de ce pauvre religieux ne dépassaient pas encore le ravin de Valcreux, et nous ne demandions qu’à nous y enfermer comme lui, d’autant mieux que l’événement sembla d’abord lui donner raison.

L’Assemblée nationale avait déclaré le roi inviolable malgré sa fuite. Elle s’était dissoute en s’imaginant que sa Constitution était le dernier mot de la Révolution, et que la Législative n’aurait rien à faire que de la faire fonctionner. Aucun membre de la première Assemblée ne devait être réélu. M. Costejoux se mit sur les rangs pour la députation ; mais on était encore trop royaliste dans nos provinces du centre pour le nommer. Il eut beaucoup de voix, mais il échoua. Il n’en eut point de dépit. Il faisait de fréquents voyages à Paris parce que, quand le pays avait quelque demande ou réclamation à faire, c’est lui qu’on en chargeait. Il était toujours prêt. Savant, riche et parlant bien, il était comme l’avocat de tout le monde.

Il nous arriva bien, à la fin de 91, quelques sujets d’inquiétude pour M. le prieur. La nouvelle Assemblée, qui semblait devoir vaincre l’anarchie où la Commune avait jeté Paris, était en colère à cause du _veto _du roi.