Page:Sand - Nanon, 1872.djvu/284

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écutions et tout ce qui a troublé la conscience des simples. Vous avez cru qu’il le fallait. Eh bien, vous vous êtes trompés, et, à présent que vous le sentez, vous tâchez de vous en consoler en disant que l’indulgence eût tout perdu. Vous n’en savez rien, puisque vous n’en avez point essayé. C’est l’effet de vos colères qui a tout perdu, et vous ne pouvez pas vous résigner comme nous autres, bonnes gens du peuple, qui n’avons haï et maltraité personne.

Il voulait riposter ; mais, quand il était fâché, les lèvres lui tremblaient comme aux personnes vives qui ont le cœur bon. Moi, je voulais lui dire tout ce que j’avais dans la conscience, afin que, si mes idées le blessaient, il pût défaire notre marché.

— Vous voulez me dire, repris-je, que c’est la rage du peuple qui vous a emportés et poussés à la vengeance des longues misères qu’il avait endurées. Je sais, pour l’avoir entendu assez déplorer chez nous, que c’est le peuple de Paris et des grandes villes qui vous pousse et vous mène, parce que vous demeurez dans les villes, vous autres gens d’esprit et de savoir. Vous croyez connaître le paysan quand vous connaissez l’ouvrier des faubourgs et des banlieues, et, dans le nombre de ces ouvriers moitié paysans, moitié artisans, vous ne faites attention qu’à ceux qui crient et remuent. Cela vous suffit ; vous pensez pouvoir les compter quand ils sont dehors comme un troupeau s’excitant les uns les autres. Vous ne les voyez point rentrés chez eux et parlant des choses qu’ils ont faites sans les comprendre. Vous causez avec quelques- uns qui vous suivent parce qu’ils veulent de vous quelque chose, des emplois, des récompenses, ou ce qu’ils aiment