Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/190

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tion des principes religieux, semblaient laisser la porte ouverte aux projets que j’avais formés et qui me revenaient sans cesse, en dépit du calme plat de ses relations avec mon ami Pardoux.

Il l’aimait, à coup sûr, lui, sans passion inquiète, sans espoir, peut-être sans désirs formulés, mais avec un abandon complet de son âme, de sa volonté, de sa vie entière. Elle était pour lui un objet d’admiration et de déférence sans conteste, et, du moment qu’elle trouvait bien de rester en dehors de l’humanité, il n’avait plus, contre ce terrible parti pris, ni blâme ni plainte. Sylvie était entre eux le lien sacré et l’arche d’inviolable réconciliation. Le respect de ce garçon était arrivé au point de ne vouloir pas savoir si Albany avait jamais existé, et si Juliette se souvenait de l’avoir jamais vu.

La manière dont leur vie s’était arrangée et comme clouée sur une situation inattaquable pour la malveillance, entretenait nécessairement le silence de l’un et la placidité de l’autre. Juliette, plus répandue que par le passé, car insensiblement les gens de la ville pénétraient dans mon intérieur, et elle ne paraissait pas éprouver le besoin de fuir les nouveaux visages, donnait pourtant, comme par le passé, toute sa vie aux pauvres, aux enfants et à Sylvie. Elle ne nous donnait chaque jour que deux heures d’une exactitude scrupuleuse, et, pendant ces deux heures, elle était toujours avec les enfants au