Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/271

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fantillage, je prie Narcisse de s’y prêter. Nos bans sont publiés, le maire est prévenu, le curé est là. Je veux que, quoi qu’il arrive, Narcisse reçoive de moi la plus grande marque d’estime, de confiance et d’affection que je puisse lui donner.

Le mariage civil fut conclu et le mariage religieux célébré dans cette chambre mortuaire. On avait ouvert les portes toutes grandes. Les gens de la maison et de la ferme étaient présents. Juliette, enveloppée d’un peignoir de mousseline blanche, s’était fait asseoir sur la chaise longue. Elle avait demandé et ouvert un coffret mystérieux, où elle prit le voile et la couronne de mariage de sa mère. Elle pria Hortense de l’en coiffer, et, blanche comme ses vêtements, pâle comme une morte, elle engagea civilement et religieusement sa foi à Narcisse Pardoux, avec une résolution ferme et un calme divin.

Quand ce fut fini, elle eut un accès de fièvre et dormit avec agitation jusqu’à minuit. En ce moment, elle s’éveilla et dit :

— D’où vient que la pendule ne sonne pas ? L’avez-vous donc arrêtée ?

— Voulez-vous qu’elle marche ? lui dit Narcisse.

— Oui, je veux compter les instants. Maintenant, j’ai quelque chose encore à vous dire. Sommes-nous seuls ?

Tout le monde sortit, excepté Narcisse et moi, que Juliette retint par un signe.