Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/61

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— Celui qui a dit cela en a menti ! s’écria vivement l’artiste. Je n’ai jamais passé…

Il s’arrêta, voyant que cette négation du second fait inventé par moi pour le faire parler était un aveu de l’autre fait dont il ne voulait pas convenir, celui de son entrée furtive dans le jardin du cafetier. Il se reprit :

— Je ne connais rien de cet endroit-là ! S’imagine-t-on que je veuille enlever une de ces recluses ? Si elles étaient jolies, passe ! mais il paraît qu’elles sont affreuses.

— Mais n’y a-t-il pas là une demoiselle noble qui est libre d’écouter une romance ou de recevoir un billet doux ?

Albany paya d’audace ; mais, si sa discrétion fut irréprochable, sa manière de se défendre me parut fort triste pour mademoiselle d’Estorade.

— Je sais de quoi vous voulez parler, dit-il gaiement ; grand merci ! Vous ne savez donc pas que l’héroïne du roman dont vous me faites le héros est vieille et bossue ?

— Je n’en sais rien ; mais vous, vous l’avez donc vue ?

— Ma foi, non ! Je ne suis pas curieux de voir une femme bâtie comme un sac de pommes de terre.

— Alors, ce n’est pas vous qui égratignez les murs et qui écrasez les œillets de M. Pardoux ?

— Le ciel me préserve de pareils méfaits ! s’écria-t-il avec gaieté. Dites à notre ami Narcisse de me rendre son estime. Je n’ai pas le plus petit coquelicot de son