Page:Sand - Narcisse, 1884.djvu/72

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d’une façon expressive. Je compris qu’il m’ouvrait la porte pour le point délicat de l’entretien, et je pris la balle au bond.

— En effet, dis-je, sans m’adresser précisément ni à lui, ni à mademoiselle d’Estorade, l’étrange retard de ces travaux peut être fort préjudiciable, soit que le couvent les fasse exécuter en pure perte, soit que l’acquéreur du terrain se voie ajourné dans ses projets d’installation, par les dégâts qui en seront la suite.

— Je vois, dit mademoiselle d’Estorade en souriant, que monsieur est pressé de planter des espaliers et de récolter des abricots sur le mur de notre maison.

Et, comme si elle eût craint de manquer de charité en se permettant cette légère malice, elle abattit sur moi son beau regard plein de sympathique aménité.

J’affectai de répondre en futur propriétaire, carré, à idées fixes.

— Certes, mademoiselle, lui dis-je, si, par votre permission, j’obtiens de m’établir sur le terrain, je ne planterai aucun espalier contre le mur de la maison sans votre agrément.

— C’est donc vous, monsieur, reprit-elle avec enjouement, et se moquant un peu de moi en elle-même, qui tenez tant à voir nos fenêtres supprimées et vos possessions agrandies d’un terrain de cinq ou six mètres de largeur ? Vraiment, je serais désolée de vous contrarier