Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/13

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et ne pas restreindre le rôle masculin à ses rapports avec l’amour ou la famille. Si, de préférence, cet écrivain-femme étudie les passions qui sont le principal ressort du roman moderne, il pourra, du moins, indiquer par quelles applications de sagesse, de courage et de haute raison, un homme de cœur et de savoir peut corriger la fatalité des circonstances et les défaillances même de l’esprit ou de l’âme chez lui et chez les autres.

Bien plus facile est la tâche de ce même écrivain quand il réserve toutes les couleurs de son pinceau pour le type femme. Celui-ci, il le connaît en lui et hors de lui, parce que l’ordre des sentiments et des idées du sexe dont il fait partie rentre dans le point de vue que son œil peut mesurer et embrasser. Pour être juste, disons que les écrivains-hommes éprouvent aussi de grandes difficultés lorsqu’il s’agit pour eux de pénétrer délicatement et impartialement dans le cœur et dans le cerveau de la femme. Généralement ils la font trop laide ou trop belle, trop faible ou trop forte, et ceux qui ont surmonté les aspérités de ce travail de divination savent que ce n’a pas été peu de chose. Mais disons aussi que, par son éducation plus complète et son raisonnement plus exercé, l’homme peut plus aisément peindre la femme, que la femme ne peut peindre l’homme.