Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/316

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cacha précipitamment son papier, jeta sa plume et saisit un livre ; mais elle n’avait pas en le temps de l’ouvrir, que lady Mowbray était auprès d’elle.

— Vous écriviez, Sarah ? lui dit-elle d’un ton grave et doux cependant.

— Non, ma tante, répondit Sarah dans un trouble inexprimable.

— Ma chère fille, est-il possible que vous me fassiez un mensonge ?

Sarah baissa la tête et resta toute tremblante.

— Qu’est-ce que vous écriviez, Sarah ? continua lady Mowbray avec un calme désespérant.

— J’écrivais… une lettre, répondit Sarah au comble de l’angoisse.

— À qui, ma chère ? continua Metella.

— À Fanny Hurst, mon amie de couvent.

— Cela n’a rien de répréhensible, ma chère ; pourquoi donc vous cachiez-vous ?

— Je ne me cachais pas, ma tante, répondit Sarah en essayant de reprendre courage.

Mais sa confusion n’échappa point au regard sévère de lady Mowbray.

— Sarah, lui dit-elle, je n’ai jamais surveillé votre correspondance. J’avais une telle confiance en vous, que j’aurais cru vous outrager en vous demandant à voir vos lettres. Mais, si j’avais pensé qu’il put exister un secret entre vous et moi, j’aurais regardé comme un devoir de vous en demander l’aveu. Aujourd’hui, je vois que vous en avez un, et je vous le demande.

— Ô ma tante ! s’écria Sarah éperdue.

— Sarah, si vous me refusiez, dit Metella avec beaucoup de douceur et en même temps de fermeté, je croirais que vous avez dans le cœur quelque sentiment coupable, et je n’insisterais pas, car rien n’est plus op-