Page:Sand - Nouvelles (1867).djvu/330

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derie, feignait de travailler pour prouver à sa tante qu’elle avait du courage et savait tenir sa promesse ; mais elle était aussi pâle que Metella, et, comme elle, elle ne sentait plus battre son cœur.

Lady Mowbray traversa le salon sans lui adresser une parole ; elle monta dans sa chambre et lut le billet d’Olivier.


« Je pars ; vous ne me reverrez plus, à moins que dans plusieurs années… et lorsque miss Mowbray sera mariée !… Ne me demandez pas pourquoi il faut que je vous quitte ; si vous le savez, ne m’en parlez jamais ! »


Metella crut qu’elle allait mourir ; mais elle éprouva ce que la nature a de force contre le chagrin. Elle ne put pleurer, elle étouffait ; elle eut envie de se briser la tête contre les murs de sa chambre ; et puis elle pensa à Sarah, et elle eut un instant de haine et de fureur.

— Maudit soit le jour où tu es entrée ici ! s’écria-t-elle. La protection que je t’ai accordée me coûte cher, et mon frère m’a légué la robe de Déjanire !

Elle entendit Sarah qui approchait, et se calma aussitôt ; la vue de cette aimable créature réveilla sa tendresse, elle lui tendit ses bras.

— Oh ! mon Dieu ! qu’est-ce qui nous arrive ? s’écria Sarah épouvantée. Ma tante, où est allé Olivier ?

— Il va voyager pour sa santé, répondit lady Metella avec un sourire mélancolique, mais il reviendra ; ayons courage, restons ensemble, aimons-nous bien.

Sarah sut renfermer ses larmes ; Metella reporta sur elle toute son affection. Olivier ne revint pas : Sarah ne sut jamais pourquoi.

Mais le temps est plus maître de nous que nous-mêmes ; la femme ne veut pas se flétrir sans avoir fleuri,