Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/113

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lotus plus jolis les uns que les autres. Le psoralée bitumineux a passé l’hiver sans quitter ses feuilles, qui sentent le port de mer ; la santoline neutralise son odeur âcre par un parfum balsamique qui sent un peu trop la pharmacie. Les amandiers en fleur répandent un parfum plus suave et plus fin. Les smilax étalent leur verdure toujours sombre à côté des lavandes toujours pâles. Les cistes et les lentisques commencent à fleurir. Le C. albida surtout étale çà et là sa belle corolle rose, si fragile et si finement plissée une heure auparavant. On la voit se déplier et s’ouvrir. Les petites anémones lilas, violettes, rosées, purpurines ou blanches étoilent le gazon, le liseron althoeoïdes commence à ramper et les orchys-insectes à tirer leur petit labelle rosé ou verdâtre. Rien n’a disparu ; chaque végétal, si rare ou si humble qu’il soit dans la localité, a gardé sa place, je devrais dire sa cachette.

Quand j’ai fini ma visite domiciliaire dans le jardin sans clôture et sans culture qui était et qui est encore pour moi un idéal de jardin, puisqu’il se lie au paysage et le complète en rendant seulement praticable la terrasse qu’il occupe,