Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/148

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tiver le drosera dans un pot à fleurs, peut-être n’en paiera-t-on plus pour cultiver sept pieds de tabac dans sa plate-bande. Peut-être aussi croira-t-on qu’il n’y a pas de Dieu logé dans les églises et qu’il y en a un logé partout, voire même dans l’âme de la plante.

Qu’est-ce que tu en dis, toi, de l’âme de la plante et de l’ouvrage[1] qui porte ce joli nom ? Ce n’est peut-être pas un livre de science proprement dit, mais c’est le développement d’une hypothèse charmante, c’est le sentiment d’un observateur que la poésie entraîne. — Et, après tout, quel être dans l’univers peut vivre sans ce que j’appelle une âme, c’est-à-dire la sensation de son existence ? Que cette sensation devienne conscience chez l’homme, affaire de mots pour exprimer un degré supérieur atteint par une même et seule faculté. Où commence l’être et où finit-il ? Ce n’est pas le mouvement, ce n’est pas la faculté de locomotion, premier degré de la liberté sacrée, qui le caractérise essentiellement. Dans certaines choses, le mouvement semble voulu ; chez certains êtres, il

  1. Par M. Boscowitz.