Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/215

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Dieu est un corps et des âmes. Il faudrait peut-être dire que dans son unité il a des corps et des âmes à l’infini, car, dans le fini où nous rampons, nous ignorons le chiffre de nos organes matériels et intellectuels. « Quel œil, quel microscope est jamais descendu dans les profonds abîmes du monde cérébral ? Dans ce petit espace remuent des systèmes plus complexes que les systèmes célestes, des constellations organiques plus étonnantes que celles qui parsèment l’infini. Une force unique détermine les formes et les mouvements des grands corps qui courent dans l’espace ; mais ici sont enfermées des forces sans nombre comme en champ clos, elles s’y marient, s’y épousent, s’y fécondent, s’y métamorphosent sans relâche….

» L’œuvre de l’anatomie, toute descriptive, est jusqu’ici demeurée stérile. Elle peint des tissus, des éléments anatomiques, elle ignore la dynamique de ces petits édifices moléculaires. Elle reste en face de ces amas cellulaires comme un œil ignorant en face des désordres lumineux du ciel. Elle connaît les caractères d’un livre, elle ignore le sens des mots[1]. »

  1. Laugel, Problèmes de l’âme.