Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/226

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gnation philosophique. Rien d’affreux, selon moi, dans la face décharnée de l’homme. Ce grand front impassible, ces grands yeux vides, cette couleur sombre aux reflets de marbre, ont quelque chose d’austère et de majestueux qui commande même à la destruction. Il semble que ces têtes inanimées aient retenu quelque chose de la pensée et qu’elles défient la mort d’effacer le sceau divin imprimé sur elles. Une observation qui nous frappa et nous réconcilia beaucoup avec l’humanité, fut de trouver un infiniment petit nombre de crânes disgraciés. La monstruosité des organes de l’instinct ou l’atrophie des protubérances de l’intelligence et de la moralité ne se présentent que chez quelques individus, et des masses imposantes de crânes bien conformés attestent, par des signes sacrés, l’harmonie intellectuelle et morale qui réunit et anima des millions d’hommes.

Quand nous eûmes quitté la ville des Morts, nous descendîmes encore plus bas et nous suivîmes la raie noire tracée sur le banc de roc calcaire qui forme le plafond des galeries. Cette raie sert à diriger les pas de l’homme dans les