Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/265

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peu apparents leur interdisent de faire avec spontanéité. L’ignorance de l’éducateur, inattentif à ces imperfections ou à ces particularités, provoque infailliblement chez des animaux, peut-être généreux et dociles d’ailleurs, la souffrance, la révolte et une irritation de caractère qu’eux-mêmes ne peuvent plus gouverner.

Mais comment s’étonnerait-on que l’éducation des bêtes, de ces instruments passifs et muets de nos indiscrètes volontés, ne fût pas souvent prise à rebours, lorsque, nous qui avons le raisonnement et la parole pour nous défendre et nous justifier, nous sommes si mal compris et si mal menés par les prétendus éducateurs du genre humain ? Un bon cheval, intelligent et fin, est un instrument à perfectionner. Une main brutale ne saurait en tirer parti ; un artiste habile en développe la délicatesse et la puissance. Dans ce noble et vivifiant exercice, l’écuyer expérimenté sent qu’il y a là, comme dans tous les arts, un progrès continuel à faire, une perfection de plus en plus difficile à atteindre, de plus en plus attrayante à chercher. C’est un champ illimité pour l’étude et l’observation des instincts et des ressources de cet admirable instrument,