Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/277

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le choix des bœufs de travail est fait, elle est enlevée en masse par les Marchois, qui l’engraissent ou la brocantent. Quelques bouchers d’Orléans viennent aussi s’approvisionner à la foire de la Berthenoux. Une belle paire de bœufs assortis se vend aujourd’hui, six cents francs ; la taurinaille ou la jeunesse quatre-vingts francs par tête ; les chevaux cent trente, les vaches cent vingt, les moutons trente, les brebis vingt-cinq, les porcs vingt-cinq, les ânes vingt-cinq, les chèvres dix, les chevreaux, de quinze à trente sous.

Les principales affaires se traitent entre Berrichons et Marchois. Les premiers ont une réputation de simplicité dont ils se servent avec beaucoup de finesse. Les seconds ont une réputation de duplicité qui les fait échouer souvent devant la méfiance des Berrichons.

La vente du bétail est, chez nous, une sorte de bourse en plein air, dont les péripéties et les assauts sont les grandes émotions de la vie du cultivateur. C’est là que le paysan, le maquignon, le fermier, déploient les ressources d’une éloquence pleine de tropes et de métaphores inouïes. Nous entendions un jour, à propos