Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/292

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plus laid des arbres, quand il n’est pas sept ou huit fois centenaire.

La campagne de Rome, jadis si riche de jardins et de parcs touffus, est désormais, on le sait, une plaine affreuse où l’œil ne se repose que sur des ruines ; mais, au sortir de cette campagne romaine, si mal à propos vantée, quand on a gravi les premières volcaniques des monts Latins, on trouve, dans les immenses parcs des villas et sur les routes (celle d’Albano est justement célèbre sous ce rapport), le chêne vert parvenu à toute son extension formidable. C’est un colosse au feuillage dur, noir et uniforme, au branchage tortueux et violent, que l’on peut regarder sans respect, mais qui ne saurait plaire qu’aux premiers jours du printemps, lorsque la mousse fraîche couvre son écorce jusque sur les rameaux élevés et lui fait une robe de velours vert tendre qui tranche sur sa feuillée sombre et terne. Toute la beauté de l’arbre est alors sur son bois, où le printemps semble s’être glissé mystérieusement à l’insu de son autre éternelle et lugubre verdure.

Dans cette région, les pins sont véritablement gigantesques. Ils se dressent fièrement au-dessus