Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/353

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étoiles, des plantes, des insectes ou des oiseaux ; car il avait tout observé et tout retenu dans son contact perpétuel avec la nature, qu’il étudiait en praticien et en artiste. La journée finie, il venait dîner avec nous ou avec nos gens quand il s’était laissé attarder et que notre repas changeait de table. Il était absolument le même à l’office ou au salon, toujours aussi distingué dans ses manières, aussi choisi et aussi simple dans son langage, aussi sobre, aussi aimable, aussi intéressant ; sachant se mettre à la portée de tous, instruisant les jardiniers, raillant avec douceur les préjugés du paysan, enseignant à mon fils les mœurs des insectes et à moi celles des plantes, causant philosophie, histoire ou politique avec des personnes éminemment distinguées qui le rencontraient toujours avec un vif plaisir et se montraient avides de l’entendre. Il n’était jamais bavard ni déclamateur. Il causait surtout par répliques ; il racontait brièvement et de la façon la plus pittoresque. Il questionnait avec candeur, se faisait expliquer, écoutait comme un enfant, souriait comme si les choses eussent dépassé la portée de son intelligence, et tout à coup, d’un trait pénétrant, d’un