Page:Sand - Nouvelles Lettres d un voyageur.djvu/56

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que le terrain et le climat peuvent avoir imprimées à l’espèce ; mais laissez-la-moi cueillir moi-même, car sa racine ou son bulbe, ses feuilles caulinaires, sa tige entière et son feuillage intact, m’intéressent autant que sa corolle diaprée. Quand vous me l’apportez écourtée, froissée et mutilée, ce n’est plus qu’une fleur, chère dévastatrice, vous avez détruit la plante.

À l’aspect d’une plante nouvelle pour moi, ou mal classée dans mon souvenir, ou douteuse pour ma spécification, je serai plus barbare, j’achèverai quatre ou cinq sujets, afin de pouvoir analyser, ce qui nécessite le déchirement de la fleur, et de pouvoir garder un ou deux types, on a toujours un ami avec qui l’on aime à échanger ses petites richesses. L’étude est chose sacrée, et il faut que la nature nous sacrifie quelques individus. Nous la paierons en adoration pour ses œuvres, et ce sera une raison de plus pour ne pas la profaner ensuite par des massacres inutiles.

Oui, des massacres, car qui vous dit que la plante coupée ou brisée ne souffre pas ? C’est une question qui se pose dans la botanique, et