Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/122

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furent ses premières amours. Ils débutèrent ensemble dans plusieurs villes de passage, l’une desquelles faillit lui être funeste.

Le soir de son arrivée, comme il venait d’exhiber ses talents sur la place, il fut appelé discrètement par une soubrette qui le conduisit, à travers un dédale de rues obscures, à une maison de bonne apparence perdue au milieu des jardins. Là, une dame maigre et brune, à l’œil vif et impérieux, lui parla en ces termes :

— Voulez-vous entrer chez moi comme aide-jardinier ? Vous ne ferez rien, vous dormirez le jour ; la nuit, vous veillerez en montant la garde sans bruit dans le jardin. Je suis obsédée par un officier de la garnison qui est follement épris de moi et qui menace de m’enlever. C’est un enragé, un diable qui le ferait comme il le dit et qui est très-fort, je vous en préviens. Mes gens sont poltrons, gagnés par lui peut-être, et vous voyez que, seule dans cette demeure isolée, je ne recevrais pas de secours du dehors. Frappez donc cet homme si vous le voyez rôder sous mes fenêtres ou même dans mon enclos. Ne le tuez pas, mais traitez le de façon à lui ôter l’envie de revenir. Chaque fois que