Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/123

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vous lui donnerez une leçon de ce genre, vous recevrez cent francs.

— Mais s’il est plus fort que moi ? répondit Hilarion, s’il me tue ?

— Qui ne risque rien n’a rien, répliqua la dame.

— C’est assez juste, pensa le lutteur.

Et il accepta.

Huit nuits se passèrent sans qu’une feuille remuât, sans qu’un grain de sable grinçât dans le jardin. À la neuvième nuit, par un beau clair de lune, un officier, dont le signalement répondait à celui qu’on avait donné à Hilarion, ouvrit une grille dont il avait la clef, et, sans prendre aucune précaution, se dirigea vers la maison. Hilarion répugnait à se jeter sur lui par surprise. Il eut la simplicité de l’avertir qu’il allait lui faire un mauvais parti, s’il ne se retirait au plus vite. L’inconnu lui rit au nez, le traita d’imbécile et le menaça de le rouler dans les cloches à melons, s’il faisait la mauvaise tête. Hilarion ne put souffrir ce langage, la lutte s’engagea. L’impertinence du visiteur l’avait mis en colère, et la vigoureuse défense qu’il faisait ne permettait pas de le ménager. Hilarion le roula dans les artichauts et l’y laissa si malade, qu’il le