Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/124

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crut mort. Il courut avertir la dame, qui vint avec un flambeau et sa fille de chambre constater l’événement.

— Malheureux, qu’avez-vous fait ? s’écria-t-elle ; vous avez assassiné mon mari, qui revenait de voyage ! Sauvez-vous, et que je n’entende jamais parler de vous !

Hilarion restait stupéfait.

— Réclame tes cent francs, lui dit tout bas et précipitamment la soubrette : elle savait très-bien que c’était monsieur ! elle t’en veut de ne l’avoir pas tué tout à fait.

Hilarion fut si terrifié d’avoir commis un crime en croyant faire office de bon gardien, qu’il ne voulut rien réclamer et s’enfuit en jurant qu’on ne l’y prendrait plus.

Il retrouva à Arles mademoiselle Plume-au-Vent, qui s’était déjà associée avec un géant alsacien et un nain prétendu lapon. Il y fit assez bien ses affaires ; mais l’âge de la conscription était venu, et il tira le n° 1. Il fut soldat sept ans en Algérie et s’en trouva bien. Il y acheva son éducation, c’est-à-dire qu’il y apprit le français et l’arabe, et, comme il écrivait assez correctement et calculait très-juste,