Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

courage, intelligence pratique, que l’impresario ne consentit jamais à se séparer de lui. Il poussa même l’amitié jusqu’à se charger de faire de Léonce un artiste. Il n’en put faire qu’un joli garçon sans cervelle, frotté de l’esprit des autres et comédien plus que médiocre ; mais il le fit engager en province et même à Paris, où il végète encore dans de pâles emplois. Je n’ai pas besoin de vous dire que ce personnage infatué de lui-même croit qu’il est victime de l’injustice, qu’il accuse tous les directeurs de l’avoir sacrifié par jalousie de ses succès auprès des femmes, enfin qu’il a complètement oublié le dévouement paternel de Moranbois, qu’il se soucie de lui comme d’une nèfle, et le verrait sur la paille sans se rappeler qu’il lui doit tout. Cette race d’ingrats par sottise donne beaucoup dans la vie dramatique ; mais ne la coudoie-t-on pas aussi ailleurs ? M’est avis que partout elle abonde.

Moranbois, homme de confiance de Bellamare, trouva bientôt qu’il n’avait pas assez à faire de voyager en courrier pour louer les salles de spectacle, pour préparer les logements, pour s’aboucher avec les hôteliers, taverniers, lampistes, coif-