Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/150

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que Purpurin créait ce type burlesque, et il le trouvait fort plaisant.

Vous pensez peut-être qu’un succès acquis à si bon marché satisfaisait l’amour-propre de Purpurin ? Nullement, il était comique par-dessous la jambe et méprisait profondément son emploi. Il avait la passion des vers, ne rêvait que tragédie et rôle tragique. Il tourmentait Bellamare et Moranbois pour qu’on lui fit faire le récit de Théramène, et je dois dire que ce récit dans sa bouche, eût fait fureur, car il était impossible d’entendre une chose plus étonnante et plus désopilante.

La troupe de Bellamare était très-excentrique. Elle jouait un peu de tout, le drame, la comédie de genre, le vaudeville, la tragédie et la comédie classiques. Le répertoire était considérable et se renouvelait au pied levé avec une facilité incroyable. Connaissant bien la province et les goûts des diverses localités, Bellamare appropriait merveilleusement à ce public varié le choix des ouvrages qu’il lui donnait. Certaines villes n’aiment que le drame larmoyant ou terrible ; certaines autres n’aiment que le genre bouffon ; d’autres ne veulent que des ouvrages nouveaux, les dernières productions