Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/155

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ne faudrait-il pas des compliments à monsieur ?

— Je sais que j’ai été détestable, et j’en ai du chagrin, un profond chagrin. Quel plaisir trouvez-vous à l’augmenter ?

— Si tu le prends comme ça, petit, c’est différent. Explique-moi alors pourquoi, ayant répété passablement, tu as été tout à coup si froid et si triste ?

— Est-ce que je sais ? est-ce que la timidité peut s’expliquer ?

— Ah ! voilà ! tu es arrivé là sans émotion et te croyant au-dessus de ton public. Tu as fait comme le sauvage, qui boit du vin sans savoir qu’il va se soûler… Eh bien, méfie-toi à l’avenir, aie peur d’avance, tu auras moins peur en scène. C’est un tribut qu’il faut payer avant ou pendant. Je te dis ça pour ton bien et de la part de ton directeur. Il croit que rien n’est perdu et que la prochaine fois, ça ira mieux.

— Il le croit parce qu’il est bon, indulgent et optimiste ; mais, vous qui êtes sincère, vous n’en croyez pas un mot !

— Veux tu que je te dise ton affaire, là, sans phrase et sans grimace ?