Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/215

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se donnait pas, comme moi, la peine de l’explorer d’avance.

On ne pense pas à profiter d’une situation pareille quand on a vingt ans et qu’on porte en soi toutes les pudeurs et toutes les timidités d’un amour idéal. Je ne sentis que l’effroi de la scène qui allait se passer, les cris de la femme croyant à un guet-apens, le ridicule de mon apparente audace» le réveil de mes hôtes accourant au bruit, les rires ou les reproches, que sais-je ? Une situation absurde pour moi, pénible pour la femme, embarrassante pour le maître de la maison. En un instant, je roulai dans ma tête pleine de vertiges tous les moyens de sortir de là sans éclat ; me sauver par la fenêtre, c’était périlleux, mais possible ; seulement, il fallait l’ouvrir, cette fenêtre, et la dame crierait au voleur. Ce serait bien pis si je me cachais sous le lit ou dans les rideaux. J’avais eu le loisir de m’assurer qu’il n’y avait point d’issue au cabinet de toilette. Il n’y avait qu’un parti à prendre, qui était de me montrer tout de suite et de tout expliquer du premier mot, en me hâtant de céder la place. C’est ce que j’allais faire, et je m’y préparais, quand la dame tressaillit à un bruit de pas qui venait de